Thierry, le podium, le slot

Ironman Los Cabos : « Caramba, Caramba….. »

Lorsque l’on intègre le Club de Laneuveville, on a beaucoup de droits ou d’avantages, mais aussi et surtout beaucoup de devoirs…

Se plier à la tradition du récit de course en est un.

On peut trouver ça pompeux, drôle, ennuyeux, pathétique, enthousiasmant, stimulant, soporifique…

On peut chacun avoir son avis et être ému, compatissant, amusé, sarcastique, condescendant…

On peut choisir aussi, après avoir lu quelques lignes, de n’y prêter aune attention, de s’arrêter là et de reprendre normalement le fil de sa journée.

 

30 Octobre 2016, 7H30, Ironman Los Cabos, Palmillia beach, nous sommes bien là avec Xavier, mon binôme d’entraînement « rose & noir » avec qui nous avons pris beaucoup de plaisir tout au long de cette prépa, et sans qui les longues sorites de 5-6 h des mois de septembre et octobre m’auraient parues bien longue… Nous sommes enfin prêts à en découdre avec la meute, mais déjà écrasés par cette chaleur humide que de nombreux superlatifs ne suffiront pas à décrire, et qui sera l’explication quasi exclusive des bien piètres performances chronométriques de la journée.

Nous avions pris la décision de partir et de nager ensemble sur ce départ en « Rolling start », sans autre tenue que notre magnifique casaque flou bien identifiable, et nous avions prévu un plan sans faille qui consistait à se positionner l’un à droite et l’autre à gauche, très légèrement en retrait alternativement, afin de pouvoir bénéficier chacun notre tour de l’aspiration que le premier pourrait procurer au second… C’est clair?? .. Pour ceux qui suivent c’est facile.. mais après trois secondes dans l’eau, je me fait littéralement monter dessus par un concurrent qui ne semble pas du tout d’accord avec notre tactique, et je perds tout simplement Xavier… Du bel ouvrage, mais chose improbable, je rattrape un gars en trifonction du Club quelques 1000 ou 1500m plus tard .. C’est bien lui, une petite claque, pas le temps pour une petite explication de texte et nous mettons donc en application notre plan « quasi sans faille » … Au final, 1h16 sans combi, sachant que seuls les 4-5 premiers sortent sous l’heure(houle, courant, distance…).

 

Pas si mal et pas le temps d’être déçu à T1. Le sable est très très fin, l’eau salée sur le corps et la tenue.. Il est impératif de bien et même très bien rincer à l’eau claire. J’attends et cherche les nombreuses colonnes de douches promises par l’organisation???.. Nada : trois gouttelettes qui s’écoulent le long d’un tuyaux. Du coup je me rabat sur le Plan B : la bouteille d’eau mise en secours dans le sac Bleu(Bleu comme « Bike » …). A peine sortie du sac, posée à côté de mon siège (le temps de sortir le reste du matos), voilà mon voisin de gauche qui tente de me la chaparder pour se rincer les arpions… Il ne connaissait probablement pas Raoul, et la parole, mêlée avec une petite gestuelle très explicite lui on fait comprendre qu’il était hautement dans son intérêt de me restituer le bien qui était à mes yeux le plus précieux à cet instant de la transition, de la journée, de ma vie.. 

 

Parc à vélo dans le sable, quelques lignes de moquettes, mais cependant beaucoup moins qu’au triathlon international de Laneuveville, sortie de parc en côte…

Et ça part donc pour les deux tours de vélo, dont l’intitulé très vendeur sur le site de l’organisation était : 

«revêtement en parfait état, profil vallonné, le long du bord de mer, et qui contraste avec la montagne de l’autre côté ». 

Mon commentaire sera : 

«Revêtement à très gros grain, sans aucun rendement, plus de 2000m de Dénivelé avec un four à chaleur tournante thermostat 8-220 degrés posé sur le porte bagage,… mais avec quelques paysages assez incroyables dans le désert au milieux des cactus et de nulle part… » 

 

Si l’organisation pourtant labellisée « course à 600 balles » nous avait fait craindre une forme d’amateurisme et de légèreté par de nombreux aspects, cela fut compensé grandement par les très nombreux ravitaillements (aussi bien à vélo qu’en course à pied), alimentés par une immense équipe d’incroyables et dévoués bénévoles tout au long de cette journée.

KM 30, je commence déjà à voir des signes de souffrance et de lassitude chez certains concurrents.. KM 60, ça commence à peter par ci et par là.. KM 90, je m’élance sur mon second tour et je ne verrai quasiment plus personne pendant la deuxième partie de ce vélo.. Une petite bénévole m’annonce truc genre « …enta tressss » vers le KM 120??.. Je suis sur une allure #metsyvoirunpeudebracassemaisfaitpastropleconnonplus…. ça se termine en 5H 30 avec un 32 et des bananes de moyenne, pas mécontent du tout, en me demandant même si j’aurai pas pu en mettre un peu plus… Je réaliserai très vite que NON…

 

T2, pour le moment tout va bien, un gars me demande si je veux qu’il m’applique de la crème solaire… Je dis OUI… tends mes bras.. et il me balance trois cuillère à soupe d’indice 50 … sur le crâne ??? Je lui explique dans un parfait mexicain du Sanon : 

« il ne faut pas, car ensuite ça coule et ça pique dans les yeux.. » 

Il fait semblant de ne pas comprendre, mais le mal est fait, je m’essuie dans son tee-shirt et démarre le gros morceau…

Un marathon «de barbares ».. 

Ca pourrait prendre des heures, mais je vais vous la faire courte… « tout simplement une boucherie !!! » 

Deux gars en moins de 3h30, très peu en moins de 4h… 

Dès le début, j’ai senti que ça allait le faire pour moi si je continuais à respecter la course.. c’est con, probablement prétentieux, mais j’ai vite commencé à fanfaronner dans ma tronche en voyant les éclats, les explosions, les implosions, les destructions… Bref l’apocalypse chez les autres… Pour beaucoup d’entre vous, vous connaissez tous ce moment de grâce qui vous touche lorsque vous laissez sur place vos copains en haut du col du Minet… C’est moche comme sentiment, tellement réel, et bien c’est pourtant ce que j’ai ressenti tout au long de ce marathon.. Rien à foutre de l’allure.. juste plus fort que les autres…

Au final un petit footing de 4H avec des dizaines et des dizaines d’arrêts au ravitos pour refroidir le moteur, s’hydrater, bouffer, se faire déverser des mètres cube d’eau sur la carrosserie, embarras digestifs, etc .. Ca freine mais c’est vital !! Une petite frayeur lorsque un certain « Phillipp » me reprend au KM 37.. C’est le troisième de la caté qui me double, on discute quelques secondes mais il est plus costaud, il a encore 1km/h de plus que moi dans les guiboles.. «T’inquiète pas, le quatrième est assez loin » me dit-il…

 

Et là, brusquement ça commence vraiment à sentir bon le Pacifique.. 

Je me souviens de mes premières courses sur Nice et Zurich, de Cozumel 2011(8ème pas de roll down), Nice 2012 (raté pour 2 secondes), de ma petite éclipse sur des courses atypiques comme Embrun et l’Altriman(Quel chantier aussi celle-là !!!), de mes meilleurs chronos sur Barcelone et Roth, de toutes les autres courses, de Vichy 2015(7ème et premier couillon de la café)…, et pour mon 14ème Opus sur la distance, il n’est absolument pas question de renouveler ce genre d’expérience .. 

Alors je coure, je coure, je coure..avec tout ce qu’il reste et même ce qu’il ne reste plus, je pleure pour de vrai, tout seul dans mon coin et parce qu’il fait maintenant nuit.. J’ai hâte de revenir vers la finish line et de retrouver tout ce groupe de supporter car ils ont été vraiment fantastiques..

Merci mes amours Doudou Juju Milo,.. merci Manu et Céline, merci Nathon et Alex..

Je pense à Xavier qui se dépouille littéralement pour finir cette course devant ses filles.

Je pense forcément à mes parents, ma famille, …

J’entends déjà la voix « avé l’accent… » de mon pote et coach.. « le boss Chabaud ».. Merci Fran, j’y serai jamais arrivé sans toi non plus…

Ca y est : « You are an Ironman » .. « c’est bon.. je sais..mais je suis combien???? » 

24 me dit un gars de l'organisation.. Je lui dit « non c’est pas possible, Phillipp il m’a dit 3ème…» Mais je réalise alors qu’il me parle du Scratch !!! … » QUOI ??? »

 

24h plus tard lundi 31 octobre .. Podium, et slot dans la poche ..

Pas de sponsors à remercier, c’est plus pratique, j’ai payé mes chaussettes… Mais un grand merci aussi à vous tous qui en êtes à ce stade du CR, pour vos petits «plussoiements » , vos commentaires, vos encouragements.. Ca compte de savoir que les copains sont derrières vous dans ce type d’épreuve..

"Force et Pâté Lorrain » « Laneuveville RPZ »

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