Patrice sur l' IM Francfort 2013

Cette année encouragé par certains de mes petits camarades j’avais choisi pour défier la distance Ironman la jolie bourgade de Francfort course support du championnat d’Europe de la distance. Après m’être acquitté de ma modeste offrande de cinq cents Brouzoufs non déductible des impôts au dieu Iron je pouvais envisager sereinement le chemin de croix menant au tapis rouge de finisher le saint Jacques de Compostelle du Stakhanoviste du triple effort.

Direction donc l’Allemagne même si pour un français il est toujours compliqué de franchir la frontière au vue de l’histoire tumultueuse entre nos deux pays. Nous commémorons régulièrement entretenons le devoir de mémoire pour la plus grande joie des fleuristes, bref nous tentons d’oublier sans oublier vraiment mais voilà c’est quand même difficile de comprendre comment Schumacher n’a pas été expulsé après son attentat sur Battiston le 08 juillet 1982 nous privant ainsi d’une finale qui nous tendait les bras et me pourrissant une de mes plus belles nuits d’adolescent. Salauds !! Faisant fi de ces considérations j’ai révisé la seule chanson allemande à succès que je connaisse à savoir 99 Luftballons de Nena dès fois que l’on m’en parle et deux mots essentiels à ma survie grosse et bier dès fois qu’il fasse un peu chaud. Arrivée le vendredi soir dans une ville qui mélange les tours en verre multicolores et le gothique flamboyant. Notre camp de base était établi au Livin Hotel steack and wine tout un programme. Bien que située à seulement 285kms de distance cette ville fut atteinte en plus de onze heures par la famille Genot prise en cours de route d’une furieuse envie de changer de véhicule et de visiter les quartiers chics de Sarreguemines les gens ont de ces idées des fois je vous jure. Du coup on a mangé sans eux la solidarité et l’esprit club trouvant là leurs limites

Samedi retrait des dossards pour les retardataires du vendredi au zuper fillage des athlètes ou il n’est nul besoin de revendiquer une quelconque aptitude physique pour faire chauffer la carte bancaire. Rigueur allemande oblige il y a du stand à profusion et la knack et les bretzels s’accommodent très bien du voisinage des boisons énergétiques et tenues sportives tout ce qui peu contribuer à entretenir le miracle économique et la croissance est bon à prendre.

Retrait du dossard dans le cadre imposant de la mairie organisation bien huilée rien à redire. On nous a fait répondre à un petit questionnaire où l’on nous demandait sous couvert de l’anonymat de dire en toute sincérité, après tout en tas de questions sur l’approche de la performance et de l’obsession du résultat si l’on prenait des produits dopants ou des substances vétérinaires. Il en ressortira je pense de cette étude que tous les triathlètes se foutent du résultat et ne prennent que de la bière et de l’Ovomaltine car c’est de la dynamite. Dernière révision des machines on ne sait jamais le triathlète est perfectionniste et l’angoisse de la casse mécanique omniprésente dans son esprit. Christophe s’est ainsi aperçu qu’il était impossible de gonfler ou dégonfler son boyau à travers le prolongateur de roue qu’à cela ne tienne il l’a démonté au Laguiole ce qui lui a valu un passage au stand Dunlop. Dans la même veine Jean Michel à voulu dégonfler en dévissant le prolongateur il a perdu la valve dans la jante encore un client pour Mr Dunlop. Mauvais signe avant la course le concurrent était déjà à plat Après midi dépôt des vélos au premier parc situé à 20 bornes de la ville lieu de départ de la natation du lendemain. Stationnement des véhicules dans une gravière en exploitation sillonné pour l’occasion par une multitude de vélos de chrono. Jamais vu autant de vélos de chrono et de roues pleines vu la quantité de carbone présente sous toutes les formes on peut dire que notre sport contribue à l’équilibre écologique de la planète. Dépôt du matos et des sacs dans un souci de bien faire Jean Michel y laissera même sa trifonction dans le sac vélo ce qui lui vaudra de venir cul nu le lendemain matin. Nous avons croisé un couillon qui a du vouloir piquer un truc dans le parc il s’est retrouvé le nez dans le sable ligaturé avec des rilsans aux bras et aux jambes faut pas faire chier Gunter le chasseur. Retour maison on a croisé une demoiselle qui devait bosser chez Demeco vu les pecs et les abdos qu’elle avait choppé saleté d’Ovomaltine quand même. Pasta sympa en terrasse dans un resto italien le soir en buvant de la bière alcoolfrei. J’aurai un mot de plus à mon répertoire allemand assez pauvre au départ même si je ne compte pas en faire un usage immodéré. On a du énerver le cuistot car à force de lui dire grosse en montrant nos assiettes il a fini par nous ramener trois saladiers de spaghettis devants lesquels nous avons fait un petit refus d’obstacle soucieux de pouvoir entrer le lendemain dans nos combis de natation.

Petite nuit, réveil 4 heures du matin déjeuner Gatosport, céréales lecture rapide de la page économique du Figaro le supplément ayant le meilleur effet laxatif sur mon organisme des fois même les pages généralistes me suffisent mais là j’ai un timing à respecter. Vingt minutes de marche pour aller chercher le bus à l’heure où les lève tôt croisent les nuiteux dans des états que nous n’arriverons même pas à atteindre au bout de notre effort. Je passe le long de la ligne d’arrivée déserte lui donnant mentalement rendez vous en fin de journée. L’arrêt de bus est blindé mais c’est bien organisé et nous voilà partis. Petits soucis technique en route avec le bus qui à les amortisseurs que s’affaissent mais bon le chauffeur est visiblement un lecteur assidu de la rubrique de Remi Bricoletout de l’action automobile et il nous règle cela dans un temps raisonnable ce qui lui vaut son moment de gloire et une salve d’applaudissements pas de standing ovation la plupart des passagers son déjà debout. Je trouve qu’il a mérité plus ses applaudissements que les pilotes d’avions qui maintenant pausent les A380 en mode automatique en lisant Picsou magazine et qui le jour ou cela merdoie ratent la piste d’atterrissage. Un bonheur ne venant jamais seul on refait un arrêt pour cause de malaise d’une athlète Germanique soucieuse de nous montrer l’évolution de la constitution du gâteau sport après 1h30 d’ingestion. Un médecin Ibérique volera à son secours je vous rassure. Je trouve ca fou quand même partout ou tu vas-tu te retournes tu demande y a-t-il un médecin et la réponse est toujours positive il y a des usurpateurs je pense dans le lot. Bon nous au club c’est l’exception on manque de malades c’est le contraire heureusement que l’on a Gégé qui occupe cinq toubibs à temps plein à lui tout seul. De pause en redémarrage on touche au but Débâchage des vélos gonflage des pneus on graisse les zones sensibles on enfile la combi et on part à l’eau. Les pros partent 15mn avant nous avec Thierry dans cette vague de 450 tous les autres ensembles à 7h tapantes .Comme dans la chanson de Brassens « c’était un petit cheval blanc tous derrières et lui devant » La plage est noire de monde ca donne une super ambiance dernier bisou à nos chéries qui arrivent toujours à nous reconnaitre en dépit de nos déguisements. Cette année on a le bout rouge bonnet en latex sur Iron tout se perd ma pauvre dame. Départ dans l’eau sans avoir pied ca limite les amas de corps mais élargit le périmètre ca va se resserrer à la première bouée. Deux boucles à faire mais différentes un parcours en L avec sortie à l’australienne cela permettra à Christophe qui a perdu sa puce dans l’eau au premier tour de demander à Géraldine de lui en trouver une nouvelle. 30 minutes pour expliquer un truc pareil dans une langue étrangère à un officiel la performance mérite d’être soulignée. Ca se passe bien c’est bien indiqué avec des méga bouées une bouteille de Powerbar géante à viser sur la première ligne droite après ca reste une course de trois mille pékins il faut se faire de la place et admettre que dans les virages ca coince un peu. Depuis que je lève la tête je renifle moins les pieds de mes congénères après il en reste toujours quelques uns pour me caresser la croupe mais on ne maitrise pas toujours les émois que l’on déclenche. Fin de la partie natation 1h16 reste à gravir la dune du Pilat pour rejoindre le parc à Vélo. L’épisode alerte à Malibu rend le séchage de pieds enfilage de chaussettes un peu long 7 minutes la prochaine fois je prends une bouteille d’eau pour enlever le sable entre mes orteils dont j’essaye de prendre soin vu la tête qu’ils me font depuis je pratique ce sport.

Début du vélo après la sortie du bois on attaque une 4 voies pour rejoindre Francfort réservée juste pour nous simples cyclistes et ce pendant 20 bornes petite revanche sur le quotidien où la cohabitation sur de simple départementales avec les voitures s’avère parfois aussi ardue que la lecture du dernier roman de Bernard Henry Levy. Essaye d’imaginer un truc pareil en France déjà bloquer un rond point à Montigny les Gerbonvaux ca crée de l’émoi chez les automobilistes dominicaux qui vont faire leur tour chez Botanic car Drucker c’est que l’après midi alors la 4 voies pas touche. Mon anémomètre pileux quadriceptique équipement ultra perfectionné que peu de triathlètes possède est formel nous sommes en présence d’un phénomène climatique purement germanique décrit pas un métérologue bien connu le célèbre mister Ioos je veux parler du Vendfass. Ca roule mais pas autant que l’on auraiait pu l’imaginer en faisant le parcours en voiture. Je rattrape au début du parcours Alain et Jean Michel partis prudemment mais surement heureusement qu’ils ont une meilleure vue que moi sinon je passais sans les voir. Les 20 premiers kilomètres passent super vite après on attaque la boucle de 80 kms à faire deux fois. Ca ressemble en terme de profil d’étape aux ballades du dimanche organisées par Benjamin notre GO avec ce foutu vent en plus. Parcours mi campagne mi urbain 122 feux à franchir tout est super bien sécurisé routes fermées la classe. Dans chaque village c’est la fête barbecue flonflons et encouragements. On sait pourquoi les Allemands ne sont pas mauvais en sport ils aiment cela toutes générations confondues et pas uniquement devant leur télé dans un résumé de Gérad Holtz. Une partie pavée de 300 mètres montante dans un village hommage à Paris Roubaix ca secoue le squelette et fais tomber les bidons mais le monde rend l’affaire amusante. Je remonte pas mal de monde et fini par rattraper Christophe plus prudent que moi on papote un peu et finalement on se donne rendez vous pour le soir. Dernière bosse avant l’entrée en ville ambiance la rayée de Gérardmer ca passe vite avec la montée d’adrénaline. Je finis la première boucle cent kilomètres parcourus 35,7 de moyenne je m’inquiète un peu pour la suite. Retraversée de Francfort encouragements de nos troupes chapeau à eux de réussir une fois de plus à nous retrouver dans tout ce monde un vrai travail de snipper. C’est reparti pour la deuxième boucle qui commence par une interminable ligne droite le vent plein carreau je souffre un peu plus sur ce deuxième tour mais je gère. Il fait chaud je bois un max mange tout ce que l’on me tend je découvre par hasard le gel hydro qui me pète dans la main je rince au power bar j’ai la main un poil collante je ne freine plus jusqu’au ravito suivant de peur de ne plus pouvoir lâcher les freins. Les barres power bar fondent qu’elles soient roses ou jaunes j’ai l’impression de manger du Malabar géant je finis par saturer avec ce régime alimentaire façon station orbitale. Fin du vélo 5h12 j’ai un peu molli mais sans prétendre à concurrencer Marino je suis en progrès.

J’attaque la transition je jette le vélo le personnel s’en charge ce n’est pas beau ca. Direction les portiques de sacs comme c’est l’organisation qui les a mis en place je suis un peu paumé je cherche les bons panneaux j’arrive en face du bon je retourne tout mon sac n’est pas là je vérifie et re vérifie en vain que dalle le vide sidéral étant beaucoup moins zen que le Dalai Lama je pousse un cri avec la même intensité et intonation désespérée que Rocky appelant Adrienne. Si cette prouesse vocale ne fait pas revenir mes pompes et me laisse toujours à envisager le barefoot pour le marathon elle a l’avantage de faire venir un bénévole dans les parages a qui j’explique dans un anglais nerveux de pakistanais la situation délicate dans laquelle je me trouve. Cool papa Schultz il me montre mon dossard 2379 alors que je m’évertue à chercher le 3279 qui pas de bol lui est déjà parti courir m’empêchant de m’apercevoir de mon erreur. Il me tend mon sac le bon quoi sorry sorry men I am stupid. Si au quarté avec les 4 bons numéros dans le désordre tu touches un lot de consolation en triathlon ce n’est pas pareil. Du coup 4 minutes de transition deux de trop je pense. Pas grave c’est parti pour 42 bornes de bonheur sous un soleil bien présent foutu climat continental !! Toujours en délicatesse avec la manipulation de mon Garmin en mode triathlon je remets à zéro pour la course à pied comme après la natation ce qui m’évite de me poser trop de questions sur mon temps global. Mais bon on s’en fout c’est bien connu on court juste pour le fun. Je peine un peu au début avant de me rendre compte que mon allure est un peu rapide. Une bonne ligne droite face au vent me recadre vite. 4 allers retours à faire des deux côtés du Main ce qui fait que l’on ne se croise pas mais on se double. Beaucoup de monde sur le bord du chemin pour encourager et bronzer ce qui n’est pas incompatible. Je cours régulièrement ce qui me permet de remonter pas mal de monde me fixant comme cible des postérieurs sympathiques seul paysage possible. Dans l’effort il semblerait que certains oublient de faire des arrêts pourtant nécessaires ou qu’ils ne parviennent pas nécessairement à coordonner l’envie et les endroits ou ces envies puissent pleinement s’exprimer. Après c’est un choix de couleur de tenue à faire au départ en appliquant le même principe qui veut que lorsque l’on a les dents jaunes il vaut mieux porter une cravate marron c’est une question de bon gout. Je vous déconseille donc le bleu ciel et le blanc j’ai constaté que c’était ma foi fort salissant et je ne suis pas sur que cela se lave facilement. Ces considérations ménagères mise à part revenons à notre marathon je double les copains, Seb et Alain sans être dans le même tour nous sommes bien encouragés par notre fan club de femmes et enfants placés stratégiquement près d’un pont et qui passeront quelques heures à le franchir dans les deux sens avec la même détermination que César franchissant le Rubicon pour nous encourager deux fois par tour. Je tenais ici à les remercier pour leur soutien sans faille et au combien essentiel et souligner la performance physique que représente ce travail de suiveur sur les différentes disciplines sur une épreuve aussi longue vous mériteriez autant que nous une médaille de finisher. Le but de cette course était donc d’obtenir 4 beaux bracelets forts colorés que nous aurions pu avoir sans difficulté dans n’importe quelle solderie mais je peux vous dire qu’entre concurrents nous jetions tous des regards concupiscents sur celui qui en possédait un ou plusieurs de plus les trouvant forcément plus jolis que ceux que nous possédions déjà. A l’obtention du dernier bracelet coloré un petit "congratulation" lâché par la bénévole me faisait réaliser qu’il ne restait plus que 4 kilomètres ca commençait à sentir bon le final ce qui tombait plutôt bien car une crampe au mollet apparue en natation se rappelait à mon bon souvenir m’obligeant régulièrement à baisser d’allure.

Arrivée au tapis d’arrivée (3h19) ayant le sésame arc en ciel autour du bras j’ai eu enfin le droit d’emprunter le couloir du bonheur j’en ai profité au maximum car ca reste toujours un super moment dernier encouragement de ma chérie et de mon fiston j’ai levé la tête vers le chrono 10h00mn44s gros sentiment de joie. Cela fera 10h et 56s à la ligne ce qui me donne la perspective pour la suite d’espérer refaire un jour une course semblable et ôter 57s pour franchir la barre symbolique des 10h00 à suivre. J’ai pu ensuite aller supporter les copains. La bataille faisait rage pour le podium de Lunéville 4 candidats pour trois places Alain, Tof Seb et Nico celui de Crévic était joué Thierry ayant franchi logiquement la ligne avant moi. Il restait aussi Jean Michel et Xavier décidés à profiter au maximum de leur marathon et qui on su faire preuve de beaucoup d’opiniâtreté pour aller au bout de leur course et de leur souffrance.

Tout le monde à bouclé la course gros sentiment de satisfaction global. Super week end au final tant du point de vue sportif que extra sportif et une belle équipe pour représenter le club de Laneuveville. Le lendemain nous avons été à la remise des prix pour voir l’ambiance nous avons vu la solidarité des plus jeunes lors de la remise des prix vers les plus anciens un bon moment ca donne envie d’en faire encore un peu. Rendez vous pour beaucoup à Gerardmer sur différents formats si il ne neige pas cette année cela sera surement très sympa