Coup de chaud sur l'IM Francfort

Charles et Renaud étaient au départ de l'IM Francfort : chaleur extrême, natation sans combi. Des conditions à ne pas mettre un triathlète dehors. Renaud nous raconte sa course.

 

Après l’Altriman et Embrun en 2014, je me décide en 2015 pour une course sans montagne et avec saucisse. Frankfurt, gros nombre de participants, parcours vélo roulant, et marathon au bord du Main.

Une semaine avant le départ, petit stress, une vague de chaleur est annoncée. Deux jours avant, gros stress, la vague de chaleur est bien là, et reste. 

On part en famille vendredi, 38°C sur la route, je positive, je mise tout sur un orage samedi après midi, et des grêlons comme des melons pour rafraîchir l’eau du lac et la garder sous les 24,5 °C fatidiques. Je récupère mon paquetage, 3km de marche pour rejoindre le site, on ruisselle déjà. Je positive un peu moins. Je retrouve Charles à l’hôtel, on positive à mort tout les deux, mais en fait non, on est pas rassuré des masses…La natation sans combinaison, beeeeuarrrrrh, le vélo sous la fournaise, bigre, mais le marathon sous 39°C, est ce bien raisonnable ? En fait, je n’aurais pas idée d’aller m’entraîner, même un peu addict que nous sommes, par une température pareille, alors courir toute la journée…

Bon mais on se dit on y est on verra bien. Pour ma part, j’oublie complet mon objectif chrono, et me rappelle de finir, tout simplement.

Dimanche, lever 3h30, on part avec ma petite famille, Marianne et Charles, et on marche vers le départ de la navette bus. Il est 4h30, il fait 27°C. 

Arrivés au lac, grosse ambiance, çà grouille de monde. Mais surprise, pas mal de racks de transition sont vides : pas mal d’athlètes ont raté la navette, ou ont été plus intelligents que nous ?

Mais l’ambiance est là, il y a un peu de vent, et j’oublie presque le stress de nager 3800 m en maillot de bain pour la première fois. Hymne allemand, gros moyens techniques mis en œuvre, le buste d’Angel Merkel projeté en hologramme au dessus du lac (mais, peut être que non je devais avoir des allus causées par l’hyperglycémie du matin de course). La première vague de 500 part, et pan !

Départ pour la plèbe, et là surprise : la combine sert à mieux flotter certes, mais aussi à amortir les coups de latte et de talon des copains qui sont autour. Donc, on se sent bien les uns les autres, à se débattre pour tenter de trouver une ligne d’eau calme dans ce bordel de la deuxième vague de 2500 nageurs au départ. Finalement, je m’en sors en un piteux 1h32, mais ai finalement apprécié ce moment de fraîcheur, en nageant très relâché. 

Je pars donc au parc à vélo, prend mon temps pour me passer de la crème solaire, mais c’est pas facile, je ruisselle encore de l’eau du lac. Ah bah non, je transpire déjà.

Début de parcours vélo hyper roulant, un peu à l’ombre, et on arrive à Frankfurt. La première boucle se passe super bien, mais on sent que déjà vers 9h/10h, en campagne, çà commence à cogner sévère et pas un pet d’ombre. Je ralentis un peu l’allure, le parcours est tentant, mais là ce ne serait pas raisonnable. Deuxième boucle, la chaleur devient vraiment lourde, et les spectateurs ont déserté les spots… Les 40 derniers km, arrive le fameux vendfass®, mais cette fois, il est vraiment cuisant. J’ai bu comme jamais à vélo, 10 bidons sur 180 km. Mais je rentre pas trop entamé, bien mangé, bien bu. Ne manque que la petite sieste.

J’arrive à Frankfurt, pose le vélo, rentre dans la tente de transition où c’est un vrai sauna, sauf qu’il n’y pas de douche glacée à la sortie, ni de finlandais qui mâche du stimorol. En sortant de la tente, et là tout de suite on sent que çà va pas être simple le marathon. J’avais déjà eu chaude à l’IM de Nice, mais là…

Je cours les premiers km sur un rythme d’asthmatique mais je cours. Arrêt tout les deux km pour boire, boire, boire, s’arroser, s’arroser. Il fait 38/39 à l’ombre maintenant, sauf qu’il n’y a que 2 km d’ombre à tout casser sur les 10,5 km de boucle. Au soleil on cuit littéralement, et perso, çà m’anéantit mon rythme. Impossible de courir correctement. Fin de la première boucle, je retrouve Caro et les filles, elles m’annoncent que Charles a du abandonner, victime d’un gros coup de chaud sur la fin du parcours vélo. Très très dur. 

Je repars tant bien que mal, et essaie de maintenir un semblant de course à pied. Je cours avec une bouteille, la vide tout les km, c’est incroyable. Douche glacée intégrale tous les ravitos, çà fait un bien fou, mais ne dure qu’une minute ou deux. 

La dernière boucle, je commence à sentir les départs de crampe dans les cuisses. J’essaie d’alterner marche quand les crampes partent, et course quand elles font mine de s’en aller. Je prends le dernier chouchou, plus que 4 km, et en faisant demi tour, je suis terrassé par des crampes aux vastes et aux quadris. Accroché à une barrière vauban, çà ne passe pas. Un spectateur me dit ‘trinke trinke mal ! », mais je ne fais que çà !! Je parviens à repartir en marchant comme un militaire nord coréen, mais au moins j’avance. Je ne peux plus courir, alors je marche les trois derniers km. C’est très long, mais au moins je profite. Je prends une dernière douche, et derniers mètres, mes filles sont là, l’arrivée sur le Röhmer, ambiance magnifique, on m’encourage à recourir, et comme un débile je le fais. Je franchis la ligne avec la banane, m’avance vers la médaille, et je suis foudroyé par une crampe géante des deux cuisses. Par terre le fieu, en hurlant… Pas très agréable, mais çà finit par s’arrêter, sans doute, parce que la bière fraîche sur laquelle j’ai fantasmé tout le marathon m’attend là bas derrière. Total de 13h10, temps anecdotique, mais j’ai quand même passé plus de temps sur marathon que sur le vélo… Une première.

Au final, 3180 inscrits, 2000 finishers. Pas mal de participants ont préféré ne pas prendre le départ, et une noria d’abandons. Mais les secours ont visiblement assuré, et les ravitos étaient toujours super garnis, y compris avec du frais.

Bilan : course qui doit être magnifique dans des conditions météo normales. Organisation top pour les accompagnateurs, mais cette fois malheureusement pas trop de spectateurs, et je les comprends, à cause de la canicule. Arrivée magique et mise en scène qui met chaque finisher en valeur (on est tous des gros Narcisses les triathlètes…)

Une pensée finale pour l’ami Charles qui se remettra très vite de son coup de pompe. Il a nagé comme une bête (1h05 sans combi !!!), et le parcours vélo est fait pour lui. Un futur grand performer.